Le piètre rang de la France au palmarès des universités

Le piètre rang de la France au palmarès des universités Marie-Estelle Pech . Publié le 21 août 2006Actualisé le 21 août 2006 : 17h50


Une fois de plus, les campus français récoltent une très mauvaise note dans le classement de Shanghaï.


POUR LA QUATRIÈME année consécutive, les universités françaises ne sont pas à la fête dans le désormais célèbre palmarès de Shanghaï. Dans ce classement des 500 premières universités mondiales, établi par l'université de Jiatong à Shanghaï, la France ne compte aucune université dans les vingt premières mondiales et quatre seulement dans les 100 premières.

La première université française, Paris-VI, pointe à la 45e place ! Une réalité douloureuse, qui s'ajoute à l'image désastreuse donnée à l'étranger par les campus français bloqués pendant plusieurs semaines par des opposants au contrat première embauche (CPE).

Comme l'an dernier, l'américaine Harvard est en tête de la liste. Les universités américaines raflent 17 places au top 20 mondial. Pour figurer dans ce classement, les universités doivent répondre à plusieurs critères basés sur le nombre de prix Nobel et de médailles Fields (le Nobel des mathématiques), la fréquence de citations des chercheurs de l'établissement et la qualité de l'enseignement.

Souvent méprisé par les universitaires, ce classement est de plus en plus utilisé par les étudiants et scruté par les directions des universités en dépit des reproches qui lui sont faits. Les établissements français n'auraient pas de bonnes performances dans ce classement car il est «plutôt fait pour des modèles anglo-saxons», selon François Goulard, le ministre délégué à l'Enseignement supérieur. Mais il estime qu'«une plus forte présence de la recherche dans les établissements d'enseignement supérieur français permettrait certainement d'améliorer leurs performances».

Appellations différentes

Les universités françaises payent aussi leur morcellement. Les résultats du classement montrent qu'elles doivent travailler «un peu plus les unes avec les autres», considère Gilles de Robien, le ministre de l'Éducation. La nécessité d'une plus grande visibilité internationale a motivé la récente mise en place de pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres). La France pâtit du fait que les universités peuvent avoir plusieurs noms dans la signature des articles scientifiques : l'université de Lyon-I est ainsi connue sous quarante appellations différentes !

La création de classements mondiaux a fait prendre conscience aux universités publiques européennes – toutes mal classées, hormis les Britanniques – que les campus privés américains avaient pris plusieurs décennies d'avance. Pour rattraper leur retard, les pays européens s'interrogent sur le montant des droits d'inscription, l'appel aux capitaux privés et l'exploitation économique des résultats de la recherche. Objectif : créer des établissements d'élite, quitte à créer un système à deux vitesses. En France, c'est ce que sont censés préfigurer les tout nouveaux Pres.