Darfour : les Etats-Unis veulent que cesse l'hypocrisie de l'ONU
Grosse colère américaine à l’ONU, où l'ambassadeur des Etats-Unis, John Bolton, a refusé lundi qu’un énième envoyé des Nations unies vienne présenter un énième compte rendu d'une énième « visite » au Darfour en affirmant que le conseil devait agir contre les atrocités au lieu de se contenter d'en parler.
Juan Mendez, un de ces nombreux et obscures conseillers spéciaux du secrétaire général musulman Kofi Annan pour la ‘prévention’ des génocides, devait soi-disant informer le conseil de l’ONU des résultats d'une visite d'une semaine effectuée dans la région de l'ouest du Soudan à la fin septembre.
Comme si le conseil ne connaissait pas depuis des années la situation !
Depuis la fin des années 80, le régime islamique soudanais, mène un véritable génocide des populations chrétiennes du sud du pays, dans la région du Darfour.
Depuis l’arrivée de George W Bush à la Maison Blanche ce génocide, qui le préoccupe particulièrement, sans doute conscient qu’il participe d’une extension dramatique et d’ampleur de l’islam en Afrique, les Etats-Unis ont rompu le silence de l’ONU et l’indifférence du monde au sort du Darfour.
Mais l’ONU justement, il est vrai dirigé par un musulman, fait trainer les choses avec la complicité de la France notamment et de nombreux pays arabo-musulmans. Après un simulacre « d’interposition » à travers une prétendue « solution africaine » qui n’a en rien empêché que ne se poursuivent les massacres et les viols qui ont déjà fait près de 300.000 morts et laissés 3 millions de personnes dans une situation désespérée, l’ONU use des « visites » et des « rapports » dans fin qui ne mènent jamais à aucune mesure concrète
John Bolton, rejoint par la Chine et la Russie notamment, a donc tapé du poing sur la table et s’est durement opposé en une fin de non recevoir à ce nouveau rapport proposé par le secrétaire général musulman Kofi Annan et les onze autres pays membres du conseil de sécurité qui le soutenaient, dont forcément la France. La France, qui par la voie de son ambassadeur à l’ONU, Jean-Marc de la Sablière, s’est évidemment « plaint » de la position américaine.
Il est vrai que depuis près de 15 ans, la France protège ses investissements au Soudan. Le site du Ministères des affaires étrangères, ne s’en cache d’ailleurs pas et écrit simplement comme s’il s’agissait du Luxembourg « Les relations avec le Soudan sont bonnes : entretien, à l’occasion du sommet Afrique-France de Paris entre le Président de la République et le Président Béchir (19 février 2003). Nouvel entretien entre les deux présidents en novembre 2004 en marge du sommet de la Francophonie de Ouagadougou. En 2004 visites de MM. Loos (janvier), Villepin (février), Muselier (juin) et Barnier (juillet). Le ministre soudanais des affaires étrangères est pour sa part venu à Paris. M. Muselier a également rencontré John Garang à Kurmuk, puis assisté, le 9 janvier 2005, à Nairobi, à la signature de l’accord de paix entre le gouvernement soudanais et le MPLS, dont le signataire et représentant des chrétiens a été tué dans un « mystérieux » accident d’avion quelques jours après, « l’accord », quant à lui, n’ayant pas empêché que le génocide ne continue…
Des relations coupables sous Chirac, mais auxquelles les socialistes de 1989 à 1993 puis de 1997 à 2002 n’ont rien à envier, de même que Balladur et Sarkozy (ministre du budget donc parfaitement impliqué) de 1993 à 1995, et bien sûr donc sous Chirac et Juppé de 1995 à 1997, toute la classe politique française a entretenu avec soins ses relations avec le Soudan de Bechir, et pour cause :
Alstom y a par exemple obtenu son plus gros contrat dans le monde en 2003 au Soudan (partie électromécanique du barrage de Merowé : 257 M€), mais les intérêts français sont bien plus larges : Cela va de la réalisation d’un complexe industriel - avec des capitaux publics et privés - pour la production de matériel militaire, dont les services secrets américains « suspectent » pourtant qu’une partie alimente des réseaux terroristes comme des états voyous, à l’obtention d’un marché hydro-électrique par Alstom (encore), au permis de prospection minière décerné au Bureau de Géologie et de Recherche Minière, en passant par la vente des Airbus ou l’obtention des marchés du bâtiment et du génie civil par les Grands Travaux de Marseille, et enfin, et surtout, l’acquisition par Total d’un site d’exploitation pétrolière,
Car le Soudan a une richesse considérable sous la terre inondée de sang chrétien du Darfour, le pétrole. Et la France qui a si bien œuvré à l’arrivée d’abord de Bechir au pouvoir en 1989, puis à son maintien au pouvoir par un soutien remarquable, y compris ces derniers mois en jouant de pair avec Kofi Anan en empêchant par diverses diversions une intervention réelle contre le régime de Khartoum, qu’elle a obtenu que Total soit le mieux impliqué dans la recherche pétrolière et bien sûr une future exploitation de l’or noir soudanais. Et comme le rouge ne se voit pas dans le noir, peu importe les chrétiens du Darfour…
John Bolton a donc montré la colère des Etats-Unis, et demandé que le conseil cesse "jacasser des mesures qu'il peut prendre pour effectivement faire quelque chose contre l'aggravation de la situation".
Mais en vérité les Américains se font peu d’illusion. Bien que la région ait connu un net regain de violence ces dernières semaines. Des meurtres et enlèvements ont visé notamment les forces de maintien de la paix de l'Union africaine en plus des populations chrétiennes de nouveau fortement exposées, les Etats-Unis sont bel et bien totalement isolés sur le dossier.
Ceci explique que les Etats-Unis hésite à proposer au Conseil de Sécurité de l’ONU d’envisager des sanctions à l’encontre du Soudan, au risque de subir un nouveau revers comme sur l’Iraq avec un nouveau veto français, mais aussi chinois. Car si Pékin s’abstient sur les résolutions « de principe » sans conséquence, le régime communiste chinois a promis d’opposer son veto à toute sanction grave contre le pétrole soudanais, qui est aussi le sien, puisqu’elle partage avec la France les intérêts pétroliers du Soudan en étant l’autre grand investisseur dans la recherche pétrolière afin de se positionner pour son exploitation future, en « bonne entente » avec Total.
Cette structuration du partenariat économique ne se limite pas au secteur pétrolier, ni à la Chine. Elle s’étend aussi au secteur financier où ce sont cette fois les capitaux du Golfe qui s’approprient des banques, par exemple. Et il y a enfin le bâtiment et les travaux publics, l’électricité, le secteur ferroviaire... où à côté-là encore de très forts intérêts français, émergent aussi de nombreux intérêts européens
Autant de soutiens qui laisent à Bechir le solide espoir que malgré leur volonté, les Etats-Unis ne pourront en fait pas grand-chose, surtout après l’affaire irakienne. Le sort des chrétiens du Darfour ne risque pas de s’amliorer de sitôt…
Source: URP